
Lubrizol : trois ans après le compte n’y est pas !
Trois ans après l’accident de Lubrizol le constat dressé n’est pas à l’image des engagements pris à l’époque.
Si l’augmentation des effectifs de 50 ETP, annoncée par la Ministre Barbara Pompili en 2020, les mesures de simplification (portant sur le champ de la réglementation et les méthodes) et l’amélioration des outils restent les messages portés de manière constante par le DGPR en réponse à nos interrogations, le constat et le quotidien vécu sur le terrain sont tout autre.
Les effectifs présents sont en baisse (l’article établi par Libération fait état de 4% de baisse des effectifs présents sur la base des éléments communiqués par le cabinet du ministre), le cadre d’instruction évolue sans cesse (voire se complexifie) et les outils développés pour faciliter l’instruction et réduire le temps d’intervention des inspecteurs sont encore en cours de déploiement, complexes et n’apportent pas les gains annoncés (étant parfois même contreproductifs).
Difficile dans un tel contexte de répondre aux consignes d’augmentation des objectifs de contrôles et de réduction du temps d’instruction des dossiers quand bien même ils répondent à de réelles attentes sociétales en termes d’accompagnement économique et de prévention des risques. Difficile aussi dans un tel contexte de continuer à garder le cap et à trouver du sens à nos actions. Les résultats exprimés dans l’enquête conduite par la DGPR au printemps dernier sur la politique de prévention des risques, en particulier au sein de l’inspection, sont explicites et reflètent le sentiment de perte de sens et de perte d’intérêt par nombre d’inspecteurs pour leur travail ainsi que le fossé qui est en train de se creuser entre la DGPR et les inspecteurs sur le terrain.
Cette lourdeur de fonctionnement que les IIM inspecteurs des installations classées subissent quotidiennement dans un contexte aggravant de baisse d’effectif, le SNIIM la dénonce régulièrement. Enrayer la baisse d’occupation des postes passe par redonner de l’attractivité au métier d’inspecteur des installations classées, au moment du recrutement mais également pour les inspecteurs en poste et tout au long de leur carrière.
La stabilité du cadre d’intervention est un enjeu tout comme la simplification opérationnelle qui doit être réelle et visible pour les inspecteurs au quotidien. Ce ne sont pas des mesures de contrainte telle que l’instauration d’une durée d’occupation en poste par exemple, qui apporteront la réponse, bien au contraire.
L’ensemble de ces éléments doit désormais être pris en compte pour maintenir une politique publique de maitrise des risques de qualité reposant sur des Inspecteurs compétents, impliqués et dont l’engagement s’inscrit dans la durée. Il est indispensable qu’une réponse puisse y être apportée par le DGPR, pour redonner du sens, l’envie et les moyens aux inspecteurs d’exercer leur métier de façon satisfaisante et en cohérence avec la réalité de l’activité exercée sans projeter des gains hypothétiques et futurs.
Ainsi les futures OSPIIC devront apporter une réponse à ces sujets en repositionnant l‘inspection des Installations classées sur ses enjeux prioritaires, en veillant à pérenniser ses ressources et sa culture incontournable des sujets environnementaux, économiques et industriels et en recherchant une organisation garante d'indépendance et d'efficience. Ces OSPIIC ne sauront être construites sans concertation avec les inspecteurs et le SNIIM qui les représente pour la quasi-totalité d’entre eux.
Nul doute que la séance d’information fixée par le DGPR le 29 septembre prochain sera l’occasion pour le SNIIM d’exprimer largement ces attentes.